Le manoir de Treffy, en Quéméneven, appartient aux KÉROULAS (155) (d'origine léonarde), alliés à la maison DE GUENGAT au milieu du XVIIè siècle (156).

En 1669, les signatures de Vincent DE GUERGORLAY et de Marc-Gabriel DE KERGORLAY se retrouvent au mariage d'Hervé LE BERRE et de Marie QUÉMÉNER (157). En 1669, c'est la réformation où les seigneurs doivent justifier de leur noblesse. Ayant dressé leur arbre généalogique sur 9 générations, Jacques-Claude (« chef de nom et d'armes DE GUERGORLAY, chevalier, fieur du Cludon, de Guengat, Rimaifon, Les Afcouet, Kervern, Loffulien, Kerangoaz, Peftivient et autres lieux, demeurant en fon chafteau du Cludon, parroiffe de Plougonveur ») et Vincent DE GUERGORLAY (« chevalier, fieur de Guengat ») peuvent alors être déclarés « nobles et issus d'ancienne extraction noble » à Rennes le 2/III/1671. La Chambre de la réformation les autorise par la même à prendre les qualités d'écuyer et de chevalier et les maintient au droit d'avoir les armes, écus et timbres appartenant aux dites qualités (158).

Vincent DE KERGORLAY, « chevalier, seigneur de Guengat » (159), « qui etoit le cadet et qu'on appeloit monfieur de Guenegat » (160) réside habituellement à Guengat (161). Il apparaît en 1677 à l'occasion d'une affaire criminelle à laquelle il est indirectement mêlé, ce qui nous vaut ce portrait : « Un homme de moyenne stature ayant la barbe et une perruque de cheveux blonds, vêtu d'un habit de droguet gris-blanc, garni de galons et boutons d'argent avec un chapeau gris. » (162)

On retrouve l'héritier principal, Jacques-Claude DE KERGORLAY, le 19/XI/1681 comme propriétaire de la terre et seigneurie de Kerdrein et dépendances. Jacques-Claude eut deux enfants : Gabriel-Claude (1675-1720), qui épousa Marie Claude DE FRESNAY en 1702, et René-François (1677-1725). En 1685, la veuve COZMAO, du Robrat, doit, en vertu du droit de rachat qui lui donne, moyennant une rente, l'investiture en tant que successeur de son mari, déclarer les maisons, terres et héritages qu'elle tient à Robrat-Huella, à « devoir de foy, hommage et lods et ventes », sous messire Jacques-Claude KERGORLAY, seigneur de Cludon, comte de Guengat et de Leshascoët, baron de Pestivien, de Rimaison et autres lieux (163).

Après le décès de Gabriel-Claude en 1720 sans successeur, l'héritage revient alors à René-François. C'est lui donc que l'on retrouve comme chevalier, marquis du Cludon, pour présenter une requête tendant à l'union des fiefs de Lezarscoët, du Quéménet et du Quilliou à la seigneurie de Guengat, « l'une des plus anciennes des plus décorées de la province de Bretagne », à Versailles en mai 1723 (164).

Au décès de René-François, en 1725, lui aussi sans héritier, la terre de Guengat passe à Charles-Jacques DE CLEUX DU GAGE (165). Puis elle est transmise en 1749 aux QUEMPER DE LANASCOL (166) (167). Le 29/VIII/1773, Jacques QUEMPER se fait représenter lors de la bénédiction de la seconde cloche de l'église de Guengat par M. DE KERGADIO (168) (169). Deux membres cités lors de procès nous sont connus : Charles-Claude-Yves-Joseph-François QUEMPER DE LANASCOL (170) et Charles-Joseph-René QUEMPER DE LANASCOL (171). Une plaque de cuivre, portant un écusson aux armes des DE GUENGAT, et conservée au presbytère, offre l'inscription suivante : « Nous Haut et Puissant Messire Charles Joseph François QUEMPER, chevalier, seigneur de LANASCOL, DE GUENGAT et autres lieux, permettons au Général de la Paroisse de Guengat de baisser notre tombe, existant au milieu du choeur de l'église de Guengat, à la hauteur de deux pieds et demis et de la mettre au ras du pavé. Mais la pierre supérieure sera mise en même état au niveau des autres pierres du dit pavé, nous réservant la faculté de la rétablir à notre volonté à la hauteur où elle est aujourd'hui. A Lanascol, le quatre juillet mil sept cent quatre vingt un. Charles QUEMPER, comte de LANASCOL - HAMON, recteur - LOUBOUTIN, curé - Alain LE GARZ, fabrique. » (172)

En 1786, François DOUCIN rend « aveu », en son nom pour les terres et héritages roturiers qu'il possède « à titre de simple obéissance, lods et vente, rachat et autres droits et devoirs seigneuriaux et féodaux », sous haut et puissant seigneur Messire Claude-Yves-Joseph-François QUEMPER, chevalier, comte de Lanascol et Guengat, vicomte de Leshascoët, Le Quéménet, etc (173).

Puis c'est la Révolution. Les QUEMPER DE LANASCOL émigrent. Leurs biens sont alors vendus, soit la Boissière (la Petite et la Grande), Crinquellic, Guénorvan, Kerbloc'h (ou Kervenbloch), Kerdrein, Kerfrété, Kergaradec, Kerglas, Kerguerbé, Kervroac'h, Manoir de Guengat, Moulin Blanc, Moulin Roux, Moulin de Kervroac'h, Neisarbic, Pennalen, Penanguer, Pors Clos (au bourg), Quillouarn, Stang ar Gall et Toulguengat.

Sur une tombe à l'extérieur de l'église de Clohars-Fouesnant, derrière le chevet, figurent ces inscriptions : « Ici reposent : Messire Hyacinthe Jacques Marie Charles QUEMPER DE LANASCOL, fidèle serviteur de Marie, chevalier de Pie IX, décédé au Château de Cheffontaines, le 4/XII/1875 dans sa soixante-douzième année, et, Marie Victorine Elizabeth Félicité RASSEL DE BEDFORD, comtesse Quemper de Lanascol, digne par son dévouement envers l'Église, vénérable par ses ..., décédée à Nantes le 1/II/1896 dans sa 88è année ».


b) Leurs privilèges

Le seigneur DE GUENGAT portait, avec trois autres de ses pairs, la chaise de l'évêque lors de sa joyeuse entrée à Quimper. Il recevait alors en don le cheval, les molletières et les chaussures du prélat (174). Une autre version affirme que le seigneur DE GUENGAT attendait l'évêque lors de sa première entrée dans la ville de Quimper. Il l'aidait à mettre pied à terre et réclamait pour cela bottes, éperons et cheval (175).

A Quimper il percevait par an un os à moelle de chacun des bouchers de la ville, et le 28/VI, veille de la saint Pierre, il avait le droit de réunir tous les bouchers et de les faire courir après une poule blanche qu'il lançait (soit par lui-même, soit par son représentant). La poule appartenait à celui qui l'attrapait (176).

A Guengat, à la messe de minuit, le recteur avant de chanter la préface présentait au seigneur DE GUENGAT, assis sur son banc du choeur, une assiette portant un morceau de pain et un flacon de vin. Après avoir mangé et bu, le seigneur rendait l'assiette au recteur, qui la reportait sur l'autel et continuait le saint sacrifice (177).

(155) Cf note 80.

(156) Séance et excursion du 22 juin 1980, In B.S.A.F., t. CVIII, p. 419

(157) Acte de mariage du 17/II/1669 - A.D.F. - 3 E Guengat Mariages

(158) MOUSSET (Albert) : Documents pour servir à l'histoire de la maison de KERGORLAY - p. 344

(159) MOUSSET (Albert) : Documents pour servir à l'histoire de la maison de KERGORLAY - p. 344

(160) MOUSSET (Albert) : Documents pour servir à l'histoire de la maison de KERGORLAY - p. 428

(161) PÉRENNES (H., Chanoine) : Guengat - Rennes, 1941

(162) MOUSSET (Albert) : Documents pour servir à l'histoire de la maison de KERGORLAY - p. XXXVII

(163) LE GRAND (Alain) : In B.S.A.F. - 1980 - p. 207-224, Paysans cornouaillais (XVIè - XXè siècle), Robart-huella en Guengat, quatre siècles au moins de continuité familiale.

(164) MOUSSET (Albert) : Documents pour servir à l'histoire de la maison de KERGORLAY - p. 431

(165) Cité In A.D.F. - B 143 ; "Jacques-Charles" In A.D.F. - B 46

(166) QUEMPER (DE) : Seigneur de Keranroux (en Ploubezre), Châtelain de Lanascol en 1647 (en Plouzélambre), Seigneur de la Garenne, de la Lande et de Mermenguy (en Ploumilliau), de Belorient (en Trédaniel), de Saint-Glen (en Saint-Glen), de Kergadiou, Marquis du Guérand (en Plouégat). In POTIER DE COURCY (DE) (Pol) : Nobiliaire et armorial de Bretagne - t. II. - p. 445

(167) PÉRENNES (H., Chanoine) : Guengat - Rennes, 1941

(168) LEISSèGUES (orig. d'Auvergne) : Seigneur de Légerville, de Trévascoët, de Pennanyeun, de Kergadio, de Rosaven. In POTIER DE COURCY (DE) (Pol) : Nobiliaire et armorial de Bretagne - t. II. - p. 172

(169) Acte de baptême du 29/VIII/1773 - A.D.F. - 3 E Guengat Baptêmes

(170) A.D.F. - B 280

(171) A.D.F. - B 293

(172) Plaque conservée au presbytère de Guengat

(173) LE GRAND (Alain) : In B.S.A.F. - 1980 - p. 207-224, Paysans cornouaillais (XVIè - XXè siècle), Robart-huella en Guengat, quatre siècles au moins de continuité familiale.

(174) PÉRENNES (H., Chanoine) : Guengat - Rennes, 1941 ; DILASSER (Maurice) : Locronan et sa région - Paris, 1979 - p. 594

(175) OLLIVIER (Corentin) : La Cathédrale de Quimper - 1988

(176) PÉRENNES (H., Chanoine) : Guengat - Rennes, 1941

(177) Cité In OGÉE :  Dictionnaire de Bretagne - t. 2, 1ère éd. - 1779, p. 154 ; COURCY (DE) : De Nantes à Brest, p. 261 ; DIVERRÈS (H.) : Monographie de la commune de Guengat - B.S.A.F. 1891

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